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Page:Barbey d’Aurevilly - Lettres à Trébutien, I, 1908.djvu/320

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J’ai hâte, et ne veux point laisser rouiller ma cognée dans le pied de mon premier chêne abattu. Non, il faut poursuivre ! Je suis impatient de commencer cette tragédie de la Vaubadon. Voulez-vous qu’elle vous soit dédiée ou aimez-vous mieux une autre chronique ? Vous le direz, Monsieur, et je ferai selon ce que vous aurez dit.

Si la conversation, cette syrène sans flûte et qui cause au lieu de chanter, et une autre encore plus entraînante ne m’entraînaient dans d’irrésistibles loisirs, j’aurais — comme disent nos fileuses — assez de lanfais sur ma quenouille pour m* occuper et devenir promptement célèbre. Deux romans chouans ; — un roman normand (historique : au Moyen-Age) ; une comédie politique : Alberoni ; — mon essai sur le Mysticisme chrétien (dédié à l’abbé d’Aurevilly). — Pour le Pays, mon traité de la Princesse et les Favoris. (L’administration de ce journal veut que je commence par ce dernier ouvrage : les Favoris.) Pour la Revue de Paris, un tout petit roman, une intaille, intitulé la Vieille fille. Ceci m’a été demandé par la mystérieuse puissance de ma vie, et je veux que ce soit une perle blanche, tombée de l’agrafe du manteau des vierges martyres, et suavement tintée en tombant de l’outremer d’un ciel chrétien.

Celle (Dominatrix mea, — as y ou, my dear, ) qui m’a demandé cette nouvelle, trouve mon talent trop féroce et me prie d’être doux une fois. J’y tâcherai.

Maintenant, mon ami, une demande. Vous êtes le pacotilleur de tout ce que j’écris, et moi je ne garde rien. En langage normand, je suis un devaruble [devourahle ? ). Faites-moi le plaisir de couper dans les numéros de la Mode, que vous avez, cette cruelle et vague nouvelle d’une Partie de Whist qui a remué les nerfs de ce pauvre Édelestand (Diable m’emporte si je ne le croyais pas au-dessus de ces impressions !… et qui ne vous plaît qu’à moitié. Comme donc elle ne vous pl£Ut guères, vous n’aurez pas de regret de la couper et de la