Page:Barbey d’Aurevilly - Portraits politiques et littéraires, 1898.djvu/14

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d’ordre splendide, Paul de Saint-Victor, dans un feuilleton de la Presse qui est une grande page de littérature, mais réellement par trop shakespearienne, a fait l’histoire des anniversaires de la naissance de Shakespeare : 1664-1764-1864, et il a montré que cette gloire agrandi d’un empan à chaque siècle, comme l’aile de l’aigle des chansons grecques. Moi qui ai le tort, si vous voulez, de croire beaucoup plus au détraquement de la tête hunmaine qu’à son progrès, je ne sais guères ce que dans trois cents ans sera la gloire de Balzac. Seulement, dès aujourd’hui, je sais, a n’en pouvoir douter, quel est son génie, et je dis que, dès aujourd’hui, nous pourrions dîner en l’honneur de l’auteur de la Comédie humaine, — qui malheureusement ne dîne plus, — puisque, — autre comédie ! — dans ce siècle si peu rabelaisien, le dîner est devenu une des formes de la gloire.

II

Mais, si je ne crois pas au progrès, il y a des gens qui y croient, et, comme dirait Rabelais, « qui se frottent le ventre avec ce panier ». Pour ces gens-là, évidemment, Balzac devrait être au-dessus de Shakes-