Page:Barbey d’Aurevilly - Poussières.djvu/69

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Alors, Fille de Feu, maîtresse sans rivale,
J’aimais à me sentir incendié par toi
Et voulais m’endormir, l’air joyeux, le front pâle,
Sur un bûcher brillant, comme Sardanapale,
Et le bûcher était en moi !

« Ah ! du moins celle-là sait nous rester fidèle, ―
« Me disais-je, ― et la main la retrouve toujours,
« Toujours prête à qui l’aime et vit altéré d’elle,
« Et veut, dans son amour, perdre tous ses amours ! »
Un jour elles s’en vont, nos plus chères maîtresses ;
Par elles, de l’Oubli nous buvons le poison,
Tandis que cette Rousse, indomptable aux caresses,
Peut nous tuer aussi, ― mais à force d’ivresses,
Et non pas par la trahison !

Et je la préférais, féroce, mais sincère,
À ces douces beautés, au sourire trompeur,
Payant les cœurs loyaux d’un amour de faussaire !…
Je savais sur quel cœur je dormais sur son cœur !