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TREIZE ANS


Elle avait dix-neuf ans. Moi, treize. Elle était belle ;
Moi, laid. Indifférente, ― et moi je me tuais…
Rêveur sombre et brûlant, je me tuais pour elle.
Timide, concentré, fou, je m’exténuais.
Mes yeux noirs et battus faisaient peur à ma mère ;
Mon pâle front avait tout à coup des rougeurs
Qui me montaient du cœur comme un feu sort de terre !
Je croyais que j’avais deux cœurs.

Un n’était pas assez pour elle. Ma poitrine
Semblait sous ces deux cœurs devoir un jour s’ouvrir
Et les jeter tous deux sous sa fière bottine
Pour qu’elle pût fouler mieux aux pieds son martyr !