Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/117

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est vrai. — peu importe que ses points de vue soient passionnés, mais ils sont vrais, et les allures de son esprit ne se masquent point sous une lâcheté hypocrite. — il a dans le style (c'est, je crois, sa plus grande qualité) une rapidité d'oiseau de proie. — Bossuet a cela aussi. Il relève sa soutane violette jusqu'aux genoux et marche militairement dans tous ses récits (v son histoire universelle, entre autres).

Malgré la force de tête de Machiavel, il est de son pays et de son siècle, à une grande profondeur. Au milieu de ce récit à tire-d'aile d'aigle, on rencontre, çà et là, comme plumes semées aux buissons arides, dans la course, en droiture,

des réflexions affreusement physiques, où l'italien du temps des Borgia se montre tout entier avec une énergie atroce. — levé, — habillé, — descendu, écrit et rêvassé au coin du feu. — quel gouvernement que celui de Florence ! Jamais la dictature à un seul, mais à plusieurs ; ce qui éternisait les troubles.

C'était la guerre permanente, et sur un terrain étroit.

Temps effroyable, mais où l'on ne s'ennuyait pas comme maintenant : — il n'y avait pas de sociétés alors, mais des individus. Chose étonnante, toutes les croyances du moyen âge étaient sociales, et pourtant l'individu tenait une plus grande place qu'à présent où il n'y a même plus de croyance que l'on puisse appeler générale. — et l'on parle de l'individualité !

— ce n'est donc pas, comme