Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/126

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ses habitudes ; plus on a d'habitudes et d'idées, plus donc la vie est profondément remuée par l'amour. Le sauvage n'a qu'une femelle, l'homme civilisé a une femme. Ce n'est point assez encore. Il ne l'aimerait pas, cette femme, s'il n'en faisait un dieu. — atteint le dîner.

— après, lu un volume de poésies (les  confidences 

de Lefebvre). à une autre époque, ces poésies m'avaient touché et paru superbes. Je les ai lues pour assurer mon impression. Les ai trouvées au-dessous de ce que je croyais. — j'ai un bonheur fier et triste à me trouver grandi de la tête au-dessus de toutes mes admirations. Je me propose cela pour me démontrer le mouvement...

de l'esprit. — il y a dans le livre de J Lefebvre de l'âme quelquefois, du génie jamais ; — un style ferme, soutenu, plein de ressources et d'industrie, mais on dirait que chaque vers a été fait à part, puis agencé avec adresse. — j'aimerais mieux une inspiration plus pleine et plus insoucieuse des détails, qui se répand non par ruisseaux, mais par larges vagues. — toute cette imagination est fort habile, savante même, mais elle se perd dans trop de recherches. — singulier reproche ! C'est trop bien dit et à ne pas croire que le livre soit, comme l'auteur l'assure, le memorandum d'une passion éprouvée. — lu tout le soir. — rêvé à cette poésie si terriblement coquette en parlant d'une coquette qu'elle injurie. — écrit à Gaudin, et couché.

5.

hier,