Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/157

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ennui me repousse aux mêmes choses. Voilà bientôt un mois que je n'ai rien écrit de mon insipide vie. — suis sorti et n'ai pas beaucoup travaillé pendant ce temps que voilà passé, dieu merci ! — je me suis occupé des intérêts des autres plus que des miens, ce qui n'est pas digne d'un aussi égoïste personnage que moi. — assez souffert au milieu de tout cela, mais ceci ne manque jamais et c'est la seule chose (la souffrance) sur laquelle je n'aie pas l'avantage d'être blasé.

hier, j'ai passé une heure et demie avec Hugo et chez lui. — désirais depuis longtemps le connaître, et ne voulais pas faire vis-à-vis de lui une de ces démarches banales, le supplice des célébrités. Une affaire grave et non personnelle, l'affaire de S, m'a été l'occasion que je cherchais sans la faire naître. Il m'a paru clair, net, simple, mais sans aucun trait dans la conversation. — comme nous causions d' affaire, peut-être est-ce cela qui l'a empêché de montrer un peu du poëte ; du reste il était bien ainsi, mais pas assez homme du monde dans les manières, n'ayant ni de l'aplomb ni du geste que j'aurais désirés en lui et qui, dès les premières paroles, toujours vulgaires sous leur effacé