Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/163

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l'heure d'un petit souper avec C. — le souper était bon et nous avons passablement bu, mais des vins légers, des vins de femme, qui s'en vont tout en mousse et ne laissent pas de flamme au front .

Excepté une bouteille de vin du Rhin, ce sang profond et pur d'un astre (le soleil) que l'on se coule dans son sang de mortel pour doubler la vie et embraser la pensée ! Vin d'homme, il ne doit être touché que par des lèvres viriles et ne circuler que dans de mâles poitrines. Lit digne de ce torrent qui s'épanche du firmament dans les grappes ambrées et qui passe à travers les coupes pour tomber dans l'abîme de nos veines, comme le Rhin à Schaffhouse, cet autre fleuve, mais ni si brûlant ni si beau .

Le souper assez gai. C toujours d'un ton parfait et étonnant, gracieuse et taquine. Moi, comédien ce soir et de peu d'impression intérieure, mais d'une vie facile et douce avec un degré d'animation très convenable, et G ah ! G gris et tendre, devenant de plus en plus tendre et de plus en plus gris, soutenant avec des yeux voilés et d'une voix entrecoupée qu'il n'a jamais été si froid et si capable de raisonnements et même de calcul, ce qui ne l'a pas empêché de ne pouvoir compter jusqu'à cinquante francs. Mais le (...) n'est point du domaine des ivrognes. — revenu à minuit chez moi. Mon arithméticien bachique au lieu d'un bezont