Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/258

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raison de son espèce de reproche me fit faire quelques pas. — je m'arrêtai pour dompter le mouvement intérieur qui m'emportait. — je ne veux pas avoir l'air de tenir à ce qui n'est plus.

— et si mes regrets saignent, que ce soit en silence.

Aujourd'hui lu et écrit dans mon lit jusqu'à une heure. — levé et habillé. — allé acheter un camélia pour Mlle M De L F que je lui ai envoyé avec le plus séduisant billet. — du reste, avec cette femme brave, cordiale, gaie et d'une vie éprouvée, je pense tout ce que je dis. — descendu chez la Graciosa,

— parcouru les journaux et demandé des livres qui

pour la pauvre Graciosa semblent n'exister que dans les bibliothèques de la lune dont il me serait tombé un catalogue par hasard. Allé chez Gaudin, et badaudé ensemble à regarder les masques au boulevard (car c'est aujourd'hui la mi-carême). — le temps beau mais froid et pénétrant jusqu'à travers le manteau. — dîné chez Gaudin et mangé copieusement ce que Louis Xviii appelait si royalement de la gigue.

— descendu à Corazza où j'ai pris plus

de lait que de café, maintenant toujours les rigueurs du régime. — allé jusqu'au passage saulnier, G et moi, chemin que j'ai fait tant de fois. — raillé, G et moi, de nos souvenirs ; j'ai plus raillé que lui, mais... mais... toujours mais ! — on crache à la face de sa douleur comme si cela la diminuait, et puis