Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/286

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et demi.

je rentre. — une nuit sombre, un ciel rayé par larges bandes sur un fond gris, l'air doux, le sol humide, peu d'étoiles. — revenu à pied par plaisir, moitié chantonnant, moitié songeant.

Habillé tantôt, — pris une voiture, — allé chez A qui m'a trouvé adorablement mis, ce qui me fait presque autant de plaisir que de me trouver spirituel.

— ai pris un bouquet. — allé chez Mlle De L F.
— ai embrassé la fiancée de Guérin sur les

deux joues et sa tante par dessus le marché. — le dîner bon, mais trop long, — quand il y a des femmes, il ne faut pas rester à table longtemps. — n'ai pas beaucoup causé, — sans entrain, sans verve,

— aussi suis-je devenu par le fait d'un dîner

copieux aussi torpide qu'un boa. — réveillé de cet engourdissement par une violente palpitation. — suis sorti près de me trouver mal et craignant de faire quelque sottise. — Guérin m'a conduit dans sa chambre où il m'a lu divers feuillets du journal de sa sœur. — quelle diction charmante et pleine de traits tellement rêveurs qu'ils semblent profonds .

Quelle distinction d'esprit ! Quelle noble fille .

Et que cet esprit est bien femme ! Et que cette âme est bien sœur ! Et que cette