Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/68

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touché de cette naïveté dans un grand homme. — il y a des gens qui pleureraient d'attendrissement à cela, mais pas moi, et pourtant j'ai su aimer et être jeune aussi .

Ces mémoires (jusqu'ici du moins) manquent de ce qu'en France nous entendons par esprit. des réflexions assez fines y circulent de temps en temps sur l'appréciation des facultés. — par-ci, par-là, quelques mots sur les beaux-arts et la nature. — du reste, rien qui sente l'en-train du génie. — remarqué une fort belle comparaison sur les amours qui finissent : — c'est une bombe tirée la nuit : elle trace une parabole étincelante et se confond avec les astres comme un astre de plus, mais elle s'éteint et ne s'éteint que pour en tombant éclater. — ainsi quand un amour finit, il brise en s'éteignant. Cela est très beau, très vrai, et d'analogie très complète, et je ne me rappelle que l'idée, relevée sans doute par le style dans l'original.

J'ai été une partie du jour obsédé de mille pensées troublantes. — j'ai pu à peine les dompter, et longtemps elles m'ont dominé par la volupté et la douleur, ces deux belles filles qu'il faudrait sculpter dos à dos et nouer dans la même ceinture. — j'ai désiré et souffert. — pensé à... pensé à l'avenir, le long avenir, — puis à cet hiver avenir encore. — pourrons-nous réaliser nos projets ? ...

-ici, j'ai vécu avec elle. est-ce pour cela que j'y suis poursuivi de souvenirs ?