Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/82

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de me prêter quelques livres dont j'avais besoin. — pauvre B, sa femme est extrêmement malade, il la quitte à peine. Est-ce qu'il l'aimerait assez pour que ce lui fût un affreux malheur de la perdre ? Quelle vie changée que celle de cet homme ! Il a à peine trente ans et le voilà éteint, calme et serein, cultivant les fleurs, un peu la musique, chérissant la solitude. Quelle série d'idées, quelle réflexion, quelle transformation intérieure l'a conduit au point où il est arrivé ? Est-ce la fatigue ? Je crois que la fatigue et l'ennui décident d'à peu près tout dans la vie des hommes, à une certaine période de leur existence, mais on va bien loin encore quand on est lassé .

Levé. — lu les journaux. — il y avait la seconde lettre sur l'Espagne, dont la première avait été si remarquable. Aussi intéressante que la première. — reçu un billet d'Alfred B en réponse au mien.

-sorti dans le jardin. Un temps gris et couvert, avec disposition à la gelée, que je préférerais de beaucoup aux pluies continuelles qu'il fait ici.

-commencé une vie de Buffon par Condorcet.

-j'ai envie d'étudier un peu Buffon, sous les rapports du style, quoique ce styliste ne m'ait jamais plu.

-mais peut-être ai-je tort ? Je me romprai à cette lecture. Il faut cesser d'être exclusif, rude combat que j'ai à me livrer.

Dîné. — un damné dîner maigre ! Nous suivons