Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/86

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cembre.

la semaine entière s'est passée en dîners. On appelle cela fêtes dans ce pays. J'étais tellement las de ces brouhahas de chaque jour et la tête si lourde chaque soir, que je n'écrivais point et me couchais. D'ailleurs quoi écrire ? Si cette vie durait, que deviendrait l'intelligence ? Ce ne serait pas même une manière douce et bonne de se faire stupide.

J'ai joué l'Alcibiade tout ce temps. J'ai bu plus que ces normands grands buveurs. Ils s'étonnaient qu'un efféminé de ma taille, un damoiseau de Paris, résistât mieux qu'eux aux liqueurs fortes. — et cela a été cependant. Mais j'ai fini, et je vais revenir à mon système de sobriété pythagorique, -sans grand effort, comme je fais toutes choses.

Quand on n'a goût à rien, on laisse aisément tout.

Je suis arrivé aujourd'hui à Coutances pour voir mon frère. — arrivé à quatre heures de matin par une tempête effroyable. — nous sommes sur la côte et nous recevons le vent de première main. — levé tard. — habillé. — sorti. — allé chez Léon. — l'ai trouvé bien portant et heureux, heureux au delà de toute expression, — renouvelé sur tous les points. L'ai quitté renversé, confondu, mais enchanté pour lui