Page:Barbey d’Aurevilly - Retour de Valognes, paru dans Gil Blas, 26 décembre 1882.djvu/21

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les pieds l’imagination de ces gens tranquilles… L’un d’eux pourtant a dit quelque part qu’il avait cru voir flotter, au tournant d’un sentier dans les bois, la rose blanche d’une Ravalet, qui s’enfuyait sous les ombres crépusculaires. Mais il ne l’a pas poursuivie… Il faut, pour suivre les spectres, avoir plus foi en eux qu’en des figures de rhétorique. Moins rhétoricien, moi, j’ai été plus heureux… Je n’ai pas eu besoin de poursuivre ce que j’étais venu chercher. Les spectres qui m’avaient fait venir, je les ai retrouvés partout dans ce château, entrelacés après leur mort comme ils l’étaient pendant leur vie. Je les ai retrouvés, errant tous deux sous ces lambris semés d’inscriptions tragiquement amoureuses, et dans lesquelles l’orgueil d’une fatalité, audacieusement acceptée, respire encore. Je les ai retrouvés dans le