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VIII

Ô Niobé ! comment n’aurais-tu pas été orgueilleuse ? Comment n’aurais-tu pas été impie ?… Tes flancs, plus féconds que ceux de Latone, s’étaient refermés, après les déchirements de l’enfantement, et le sang immonde de la femme n’en avait pas terni la divine splendeur. La Douleur, pour toi, ce fut la carène qui ouvre le sein de l’Océan sans le blesser. — Belle, et mère d’enfants dignes de toi, tu souriais quand on te parlait de l’Olympe. Pour te punir, les flèches des Dieux atteignirent les têtes dévouées de tes enfants, que ne protégea pas ton sein découvert. Quand il ne resta plus de poitrine à percer que la tienne, tu la tournas avidement du côté d’où venaient les coups… et tu attendis ! Mais en vain, noble et malheureuse femme ! L’arc des Dieux était détendu et se jouait de toi.