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THÉATRE CONTEMPORAIN

allez ! comme un bouchon de carafe. C’est ce genre de pantin que l’électeur ne méprise plus, mais qu’il adore, comme l’enfant adore sa toupie, et jugez comme il l’aimerait, s’il l’avait faite ! Or, c’est le cas ici. C’est ici l’électeur qui a fait, avec le maquignonnage de quatre voix domestiques de majorité, le pantin qui est sa création, son œuvre, sa propriété, sa chose et son jouet, qu’il ne quitte plus et qu’il enveloppe, et qu’il fait tourner et virer à sa guise, sous le coup de fouet du service rendu ! Certes ! cela pouvait être gai, cela, dans ce temps sans gaîté, et mordre à pleine bouche et à pleines dents dans nos plates mœurs comtemporaines. Cela pouvait être, dans cette époque sans comédie, de la comédie retrouvée… Mais, hélas ! cela a été gai d’une autre gaîté et mordant d’une autre morsure, que les deux pauvres diables d’auteurs n’avaient ni prévues, ni voulues… C’était l’affreuse gaîté d’une chose qui craque et qui rate !

Et le craquement de la pièce a trouvé pour échos dans la salle des claquements terribles, — de ces claquements de mains impitoyables, qui sont plus cruels que les sifflets les plus perçants ; car le sifflet est un jugement qu’on exécute, tandis que les applaudissements de l’ironie sont une insulte, et on les en a régalés… Pendant un acte et demi on avait écouté avec la patience de l’ennui, qui, pendant quelque temps, narcotise. Mais il arrive toujours un moment