vage, on les voyait paraître et disparaître. On les croyait perdus.
Au bout d’une heure d’efforts inouïs contre les courants, Néel toucha l’autre bord. Il était passé ! On l’aperçut, ruisselant, sortir de l’abîme et retourner son cheval vers la mer, cherchant des yeux où était Gustave, dont la voix depuis longtemps s’était perdue dans le bruit de la tempête. Tout à coup, comme un peuplier qui tremble, il se dressa debout et tout droit sur ses étriers pour voir de plus loin sur l’étendue agitée : mais il ne vit rien ! ô angoisse ! et le noble enfant qui appelait Gustave rentra vaillamment dans la mer pour aller au-devant de cet ami qu’il ne voyait plus ! Ce fut inutile. Gustave et son cheval avaient sombré.
Néel resta haletant, cherchant, sondant le gouffre, fou de douleur, aveugle de larmes. Il eut l’idée de se tuer ; mais il pensa à son père, qui n’avait que lui et qui l’attendait au coin de la cheminée de Néhou. « Me tuer ? non ! dit-il, mais rester là tant que mon cheval aura un souffle ! » Et il resta cherchant toujours. Hélas ! il vit bientôt passer le cadavre de son ami, désarçonné, que le flot portait à la côte. Il le suivit, et quand il l’atteignit sur la rive, son cheval épuisé tomba mort.
Voilà tout Néel ! Ce trait vous le peint mieux que toutes les analyses. Comme vous