Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/117

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vaient les Nobles autrefois pour leur descendance.

La Féodalité, qui fit les hommes plus grands que nature, avait trouvé moyen d’ajouter au plus beau sentiment qui soit parmi eux — l’amour des enfants. Le dimanche dont il est question, le vicomte Éphrem, venu en char-à-bancs du manoir de Néhou à l’église, parut de bonne heure à la messe dans son banc seigneurial que la Révolution avait fermé, mais que certaines paroisses où tout respect pour les anciennes coutumes n’était pas aboli, avaient rouvert à leurs seigneurs. Innocent privilège qui consolait ces grands cœurs de la perte de tous les autres.

D’ailleurs, qui aurait osé, à Néhou, interdire au vicomte, à celui qui portait le nom de la paroisse, l’entrée de son banc séculaire, ces quatre planches de chêne où, de génération en génération, les Néhou venaient, sur le corps de plusieurs de leurs ancêtres, enterrés là, s’agenouiller humblement devant Dieu ?

Le banc des Néhou, comme presque tous les bancs seigneuriaux, du reste, était placé dans le chœur de l’église, — du côté droit, et posé de manière à ce qu’on vît également sans se retourner et le prêtre qui officiait à l’autel et les fidèles priant dans la nef.

Le vicomte Éphrem, qui s’y trouvait alors,