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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/139

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en aide et vous donner, quand vous y viendrez, un bon morceau de pain.

— Je ne veux point de son pain ! répliqua-t-elle d’une voix plus élevée, — et la haine, qui commençait à se remuer à travers tous ces souvenirs dégourdis, redonna toute leur lucidité aux prunelles fauves de ses yeux roux. — Du pain de Jean Sombreval ! les chiens eux-mêmes n’en voudraient pas. C’est bon pour des porcs et pas pour des chrétiennes ! J’aimerais mieux crever de faim devant sa porte que d’en ramasser une seule miette. Il a trahi Dieu. C’est un Judas ! La chaudière de l’enfer bout pour lui. C’est un ancien prêtre. Il y a pus de vingt ans que je l’ai vu donner la communion dans l’église de Taillepied… Dans ce temps-là, il passait pour un saint et mangeait des boisseaux d’hosties, mais il est tombé comme Lucifer et il s’est joint à une fumelle[1]. Il s’est aretiré[2] au château des Du Quesnay, — car nous sommes dans un triste temps où les domestiques ont chassé de chez eux les maîtres, — et j’ai ouï dire qu’il y vivait avec sa génisse, — cette honte vivante, sortie de son flanc… — Et tout à coup, comme elle le fixait en parlant, quelque éclair de cette mémoire en-

  1. Femelle.
  2. Retiré.