Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/305

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Les larmes en vinrent aux yeux de Néel, qui comprit et s’oublia.

— Ô cher holocauste ! dit-il, vous l’obtiendrez un jour. Dieu qui vous éprouve doit exaucer une âme comme la vôtre. Vos prières le vaincront, cher ange irrésistible, mais ne le priez pas pour que je cesse de vous aimer comme je vous aime. Il vous exaucerait aussi peut-être, et je ne veux pas qu’il vous exauce ! Je veux vous aimer jusqu’à la mort, sans espoir et toujours.

Sombreval rentra.

— Monsieur Néel, — dit-il en rentrant, j’ai envoyé l’un des fils Herpin à Néhou pour apprendre à monsieur votre père que vous étiez forcément l’hôte du Quesnay pendant quelques jours. Sans votre accident d’aujourd’hui, je crois bien que le vicomte Éphrem n’aurait jamais mis le pied dans la maison du vieux Jean Gourgue, dit Sombreval. Et c’est tout simple, avec ses idées ! mais la circonstance est impérieuse. Le vicomte Éphrem me fait dire qu’il va venir tout à l’heure visiter son fils.

— Merci ! monsieur, d’avoir pensé à mon père, — répondit Néel en essayant de lui tendre une main reconnaissante.

— Au Quesnay, on pense toujours aux pères, n’est-ce pas, ma Calixte ? fit Sombreval en prenant d’une main celle du jeune homme et en