Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/320

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enfant ; mais il avait toujours trouvé une résistance absolue aux sentiments qu’il voulait faire naître, et c’est à cette résistance qu’il venait de faire allusion.

Hélas ! ils se résistaient tous ! La vie n’est faite que de résistances. Quand elles ne viennent pas des événements qui composent l’indifférente destinée, elles viennent jusque des êtres que nous aimons le plus. Néel, pour la première fois, en refusant de rendre à Bernardine les bijoux de sa mère, résistait à Calixte elle-même.

Calixte résistait à l’amour de Néel et au désir de son père, qui voulait la voir mariée, heureuse et guérie ; et lui, à son tour, Sombreval, résistait à sa toute-puissante Calixte vaincue, qui voulait le ramener à Dieu et qui ne le pouvait pas !

Et le temps qui passait ne diminuait point ces résistances. Elles jetaient entre eux une tristesse qu’ils sentaient, mais qu’ils ne se reprochaient pas. Sans cette tristesse dont il avait sa part, sans cette certitude de n’être pas aimé comme il voulait l’être de cette créature inouïe de charme, mais désespérante de fermeté, Néel aurait été, sur son lit de douleur, le plus heureux des hommes.

Les quarante jours de repos et d’immobile attitude nécessaires à sa guérison, passaient