Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/348

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teries des Mauvais Esprits qui déganent[1] les bons dans les airs quand la nuit est tombée, — car le Démon, c’est le Prince des Airs et des Ténèbres ! » — Et rejetée de ce côté par sa pensée, elle revint brusquement sur ses pas et fit ce qu’elle n’avait pas fait depuis que Sombreval était au Quesnay.

Elle passa son bras entre les barreaux de la grille, qu’elle ouvrit, et bravement entra. La nuit était noire et sans étoiles. Les Herpin dormaient dans leur ferme comme ils dormaient tous au château, excepté Sombreval qui, selon son usage, veillait sous son toit, brillant comme un phare. Et c’était un phare, en effet, allumé, non plus sur l’abîme de la mer, mais sur les abîmes de la science, et pour sauver aussi la vie à un être qui périssait !

Tout était si profondément silencieux dans l’air de cette nuit tranquille qu’on entendait par une des lucarnes, restée ouverte, sans doute à cause de l’extrême chaleur du laboratoire, le ronflement de la flamme, grondant dans le fourneau du chimiste.

— Sombreval ! — cria la fileuse, d’une voix à laquelle son émotion donna de la force, — Sombreval !

Il parut dans l’orbe de flammes, et comme

  1. Contrefont.