Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/36

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voûtées, touchaient ses oreilles, et il n’était pas fait au tour, comme dit l’expression proverbiale, mais à la hache ; dégrossi à grands coups, inachevé.

Il avait les bras longs comme Rob-Roy, et comme lui, il eût pu, sans se baisser, renouer sa jarretière. C’était vraiment plutôt un énorme orang-outan qu’un homme. Il en avait les larges oreilles, la nuque fortement animale, les pommettes saillantes, les mains velues, le rictus, l’aspect noir et cynique, mais son œil et ses sourcils, dignes d’un Jupiter Olympien, le vengeaient et disaient, en traits de flamme, que le Satyre, dans sa peau de bête, avait l’intelligence d’un Dieu.

Sa voix un peu caverneuse roulait des accents qui devaient trouver de l’écho dans le diaphragme de la foule, soit qu’elle vînt de l’autel, cette voix, soit qu’elle tombât de la chaire sur les fronts, en l’entendant, devenus pensifs. Il n’était pas orateur. Il n’avait pas cette main qui prend le cœur de l’éloquence, mais sa logique vous dévidait une doctrine comme une machine dévide un homme, accroché à son engrenage, et n’en laisse pas un morceau.

Tel il était et tel on le vit pendant les premières années de son ministère. Il était régulier dans ses mœurs, sobre de monde, et, sa