Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/55

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mière communion de Calixte, même la sublimité de cette jeune fille, transfigurée par un pareil jour, n’amena aucun changement appréciable dans Sombreval. Ce qui le tordit et le déchira, — si quelque chose le déchira et le tordit, — nul ne le vit dans l’abîme remué du cœur de cet homme, et rien n’en passa dans les sombres étreintes dont il faillit étouffer sa Calixte, quand elle revint de la table sainte à la maison paternelle, la poitrine pleine de son Dieu.

Ce fut le jour de sa première communion que l’abbé Hugon avait choisi pour révéler à Calixte tout ce qu’il savait de l’ancien abbé Sombreval. Puisqu’il fallait, un jour ou l’autre, lui faire cette épouvantable révélation, il l’appuya contre le Dieu qu’elle venait de recevoir pour la frapper de ce terrible coup…

Sa prudence, — cette prudence du prêtre catholique qui plonge si avant dans la vie et saisit l’âme humaine dans tous ses replis, — avait hésité bien longtemps, mais enfin il s’était dit qu’il valait mieux, à tous les points de vue, que cette épreuve eût lieu le jour où, pour la première fois, elle avait, par la communion, bu le sang de l’Agneau et partagé la force divine.

L’abbé Hugon ne se trompait pas. Calixte fut terrifiée de ce qu’elle apprit sur son père ;