Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/81

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auquel le feu vient d’être mis, allumait aussi les toiles cirées des caisses empilées dans les cours et attachait ses rosaces flamboyantes aux vitres des fenêtres, qu’on avait nettoyées au blanc d’Espagne, il y avait quelques jours. Les Herpin, qui venaient de rentrer des champs pour la collation, allaient et venaient dans la cour, et ils parlaient à travers la grille à un jeune homme qui ne passait jamais par là d’ordinaire : mais on ne fuit pas sa destinée. Ce jeune homme à cheval, qui n’en était pas descendu, disait alors aux Herpin :

— Hé ! les fils à Jacques ! quel jour attendez-vous vos misérables maîtres, et le Quesnay va-t-il bientôt être infecté de la charogne de votre vieux scélérat de Sombreval ?…

Il n’avait pas fini cette phrase d’un mépris vomissant, qu’un vigoureux coup du plat de la main fut appliqué sur la croupe de son cheval. La main qui l’appliqua, large comme une roue de charrette, était si puissante que le cheval, surpris, se cabra sous cette claque retentissante, qui fit le bruit d’un coup de battoir sur du linge mouillé, et qu’en s’enlevant il fit porter la tête du cavalier, négligent et distrait, contre la grille de fer à laquelle il se blessa. Il ne tomba pas cependant de la force du coup, et même il leva sa cravache… Mais un nuage passa sur ses yeux et la tête blessée s’affaissa