Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/52

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autre homme, et peut-être un peu plus… Je sais, comme tout le pays, que vous vivez pour votre mère, comme je vis, moi, pour mon enfant. Écoutez-moi donc, monsieur le curé. Si, pour des raisons de piété filiale plus grandes que le bonheur de la soigner, il fallait vous séparer de votre mère, ah ! vous valez mieux que moi, sans nul doute, mais vous demanderiez bien le répit de huit jours. Donnez-moi huit jours !

Il n’est pas étonnant que les larmes fussent montées aux yeux de l’abbé Méautis, à ce nom de mère : mais cette humble demande « Donnez-moi huit jours, » les en fit tomber.

Il y vit plus qu’une espérance. Il y vit presque une promesse. Il y vit une résolution !

— Votre main, monsieur Sombreval ! — fit-il, touché à ne plus pouvoir répondre qu’avec son regard. Et Sombreval la lui donna. Et l’abbé Méautis l’étreignit dans les siennes, comme s’il avait été le plus fort des deux !

— Dans huit jours, revenez au Quesnay, — reprit Sombreval. — Non pas ici, mais chez ma fille ; — et en attendant, ajouta-t-il (était-ce une politesse qu’il faisait au prêtre, cet impie d’un seul bloc et que n’entamait jamais l’inconséquence ?…), et en attendant, priez pour moi, monsieur le curé !