Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/60

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tard ton supplice ! Mais il va finir ! Je veux enfin te faire heureuse !

— Ô père ! père ! je le suis autant que je puis l’être, fut-elle sur le point de répondre. Mais elle s’arrêta, envahie par une lumière…

Elle ne savait pas quelle lumière ! Et frappée aux racines de son être par la pile de Volta du front de son père, son visage, surhumainement pâle, ne pouvant plus pâlir, se rosa.

— Oui, — dit encore Sombreval, qui craignait l’émotion pour cet être nerveusement fragile, et qui aimait mieux en finir d’un coup, — c’est la vérité, ce que tu n’oses croire, et tu peux le croire cependant, car c’est la vérité ! Tes prières ont été plus fortes que l’incrédulité de ton père, et ton Dieu est redevenu le sien !

Elle glissa de son fauteuil, à genoux sur le parquet.

— Ô Dieu ! — fit-elle ; et sous la foudre de joie qui l’écrasait, elle s’évanouit.

Mais la tête charmante n’eut pas le temps de poser à terre que Sombreval l’avait prise et portée sur le lit, toujours là pour elle, ce lit répété dans tous les appartements du Quesnay et qui, sous sa couverture d’honneur, de soie verte, n’avait reçu personne depuis Néel !

— Ah ! voilà ce que je craignais, monsieur le curé ! — fit Sombreval avec un affreux ac-