Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/118

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domestique éprouvée qui s’était arrachée de son pays pour suivre madame de Ferjol dans la coupable fuite de son enlèvement sans se soucier des mépris qui s’attacheraient peut-être à elle, là-bas, dans le pays, comme à sa maîtresse, Agathe avait souvent interrompu cet effroyable tête-à-tête… Quand elle avait fait le ménage de cette grande maison, elle avait coutume de venir coudre ou tricoter dans cette salle où ces dames travaillaient en cette monotone routine de tous les jours qui était pour elles l’existence, l’immobile existence. — Mais depuis que madame de Ferjol savait le secret du mal de Lasthénie, elle éloignait, sous un prétexte ou sous un autre, Agathe de sa fille. Elle craignait les yeux affilés de cette vieille dévouée, qui adorait Lasthénie, et les pleurs que la pauvre fille ne pouvait retenir et qui coulaient silencieusement, de longues heures, sur ses mains, tout en travaillant… — Pour honte et pour tout, — lui disait-elle quand la vieille Agathe n’était plus là, — retenez vos pleurs devant Agathe !

(À présent, elle ne tutoyait plus Lasthénie.)