Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/182

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mort, roulant dans le ciel, me poursuivait et venait sur moi pour me casser mes vieilles jambes, comme une diabolique boule à quilles, et que je n’arriverais jamais sur elles à la maison. »

Cependant, elle arriva à Olonde, mais toute démoralisée. Ce qu’elle venait de voir lui faisait craindre un malheur subit qu’elle y aurait trouvé, en y rentrant ; seule la morne tranquillité de la maison la rassura. Dormaient-elles ? Ne dormaient-elles pas, la mère et la fille ?… Nul bruit ne venait de leurs appartements fermés. Le lendemain, elle crut que Lasthénie était un peu moins affaissée que quand elle était partie pour son pèlerinage, et sans l’apparition de la nuit, elle aurait attribué à ses dévotions l’espèce de redressement qu’elle croyait voir dans sa pauvre Lasthénie écrasée… Elle raconta les circonstances de son voyage à madame de Ferjol, mais elle tut son apparition. « À quoi bon ? se dit-elle ; elle ne me croirait pas. » Mais madame de Ferjol croyait aux prières, et aux miracles que les prières pouvaient décider, et elle dit à Agathe « que Lasthénie se ressentait déjà des