Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/208

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qu’il appelait agréablement « Bataillon » !

Or, ce fut justement à cause de cette diable de tabatière, passée à l’un des convives, qui avait demandé à en voir de près le portrait, que le marquis de Pont-l’Abbé avisa au petit doigt de la main qui la passait devant lui, une émeraude, qui lui donna dans l’œil.

— Il faut que vous soyez fièrement coquet, maître Bataille, pour oser vous permettre de porter une bague de cette beauté et de ce prix-là, — dit le marquis de Pont-l’Abbé, scandalisé de voir un tel bijou à une main qui avait pesé des épices. — Mais voyons donc ! où diable, Bataille, avez-vous pris cette merveille-là ?

— Ma foi, — dit rondement et gaiement le Gilles Bataille, — vous ne devineriez jamais où je l’ai prise, et je parierais cinquante mille écus, comme disait La Mayonnet de Grandville, contre vingt-cinq louis, que vous n’êtes pas capable de le deviner.

— Allons donc !… fit le marquis de Pont-l’Abbé, incrédule.

— Eh bien ! essayez pour voir, repartit Bataille.