Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/37

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alors leur vraie beauté de lianes ou de guirlandes, qui ont besoin de se suspendre à un arbre humain dont elles seront, un jour, la parure et l’orgueil ! Lasthénie de Ferjol avait une de ces figures que le monde trouve plus jolies que belles, mais il est vrai que le monde ne s’y connaît pas !… De taille ronde et mince — combinaison qui fait les femmes accomplies, — c’était — de cheveux, — une blonde comme son père, l’idéal baron qui mettait parfois de la poudre rose dans les siens, — une fantaisie efféminée de ce temps, et que, depuis, au commencement du siècle, se permettait encore l’abbé Delille, malgré sa laideur, qui était atroce. Lasthénie, elle, n’y avait d’autre poudre que la cendre naturelle du plumage de la tourterelle, à la fauve mélancolie. Les yeux de cette tête cendrée, encadrés dans la blancheur mate du muguet, qui ressemble à de la porcelaine, apparaissaient, grands et brillants comme de fantastiques miroirs, et leur éclat verdâtre rappelait celui de certaines glaces à reflets étranges, dus peut-être à la profondeur de leur pureté. Ces yeux de vert-gris-pâle, qui est la nuance de