Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consacrée pour dire une des circonstances des plus graves, des plus importantes et quelquefois des plus orageuses, car pour la plupart, les lessivières sont des commères d’un gouvernement difficile. Gaillardes souvent d’humeur peccante, d’âpre appétit, de soif cynique, à qui les ongles ne se sont pas ramollis dans l’eau qu’elles brassent, à cœur de journée, et dont les gosiers d’acier font des terribles dessus au claquement de leurs battoirs ! « Avoir chez soi les lessivières » est une perspective qui donne généralement un petit froid dans le dos aux maîtresses de maison les plus maîtresses femmes… Seulement, ce jour-là, madame de Ferjol ne les avait plus. Elles étaient passées comme une trombe dans les solitudes de « l’hôtel de Ferjol », dont pendant quelques jours elles avaient violé outrageusement le silence. On était au lendemain de ces bruyantes Assises de lavoir… C’était le jour où « l’on étendait », comme on dit encore en province, et pour ramasser le linge mis à sécher sur des cordeaux dans le jardin, la vieille Agathe et la blanchisseuse « à l’année » de la maison suffisaient. Elles avaient donc