Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/60

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rière ses talons, je suis redescendue pour guetter, de la porte, où il pouvait aller comme ça, à si bonne heure ! Eh bien, je l’ai vu prendre la route qui passe au pied du Grand Calvaire, et je vous jure que s’il a toujours marché du pas qu’il avait, il doit être bien loin d’ici maintenant, lui et ses sandales.

— C’est impossible, — dit madame de Ferjol. Parti !…

— Comme la fumée de ma cuisine, interrompit Agathe, et sans faire plus de bruit !

Et c’était vrai. Il était réellement parti. Mais ce que ces dames ne savaient pas, ce que la vieille Agathe ignorait, c’est que telle était la coutume des capucins, de s’en aller ainsi des maisons qui leur avaient été hospitalières. Ils s’en allaient comme la mort et Jésus-Christ viennent. Ils viennent, — disent les Livres Saints, — comme des voleurs… Eux, ils s’en allaient comme des voleurs. Quand, le matin, on entrait dans leur chambre, on les eût crus évaporés. C’était leur coutume, et c’était leur poésie ! Chateaubriand, qui se connaissait en poésie, n’a-t-il pas dit d’eux : « Le lendemain, on les cherchait, mais