Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/63

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conduite la moindre chose qu’on pût retourner contre lui. Vous n’avez donc aucune raison, Agathe, pour en mal penser. N’est-ce pas, Lasthénie ?…

— C’est vrai, maman, dit Lasthénie de sa voix pure. Mais ne grondez pas trop Agathe. Nous avons dit bien des fois, entre nous, que le Père Riculf avait quelque chose d’inquiétant et d’impossible à définir… À quoi cela tient-il ?… On ne pense pas de mal. Mais on ne se fie pas. Vous, qui êtes si forte et si raisonnable, maman, vous n’avez pas voulu aller à confesse à lui plus que moi.

— Et nous avons eu peut-être tort toutes les deux ! répondit la sévère femme, dont le jansénisme remontait sans cesse dans la conscience pour la troubler. Il aurait mieux valu se vaincre, car écouter les sentiments sans raison qui nous empêchaient d’aller nous agenouiller à ses pieds, c’était déjà une condamnation dans l’intérieur de nos âmes, que nous n’avions pas le droit de prononcer.

— Ah ! dit naïvement la jeune fille, jamais je n’aurais pu, maman !… Il me faisait, cet