Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/73

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S’il avait eu l’inconvenante mondanité, si déplacée dans un religieux, madame de Ferjol aurait su pourquoi il lui inspirait ce sentiment de répulsion qu’elle se reprochait, et comme Lasthénie et comme Agathe, aussi affirmative dans son antipathie, mais tout aussi ignorante de cette antipathie sans cause apparente, madame de Ferjol ne le savait pas.

Mais y pensaient-elles, — elle et sa fille ?… Il semble bien difficile qu’elles n’y pensassent pas… Il était pour elles un mystère. Un mystère, c’est la plus profonde chose qu’il y ait pour l’imagination humaine… Le mystère, c’est la religion pour les peuples, mais c’est la religion aussi pour nos pauvres cœurs… Ah ! ne vous laissez jamais connaître entièrement, vous qui voulez être toujours aimés de celles qui vous aiment ! Que même dans vos baisers et dans vos caresses, il y ait encore un secret ! Tout le temps qu’il habita chez elles, le P. Riculf fut pour ces dames de Ferjol un mystère, mais il dut en être un bien plus grand quand il fut parti. Tout le temps qu’il avait été là, en effet, elles pouvaient croire qu’à un certain