Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/92

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quelque chose de grave ?… Toujours est-il que s’il eut de l’inquiétude, il la garda pour lui seul, aimant mieux attendre avant d’en donner à cette mère, dont il lisait dans les yeux noirs l’âpre sentiment maternel. Il parla d’un de ces dérangements de santé si communs dans les jeunes personnes de l’âge de Lasthénie, quand leurs organes, ébranlés par la crise qui les fait femmes, n’ont pas encore repris leur équilibre, et il prescrivit, pour le rétablir, une hygiène, plus qu’une médication. Mais, quand il fut parti :

— Tout cela, dit résolument la vieille Agathe, n’est que de l’onguent miton-mitaine. Ce n’est pas toutes ces bêtises-là qui guériront Mademoiselle ! — Et, de fait, aucun mieux ne se produisit dans le singulier mal qui semblait consumer Lasthénie. Ses joues se plombèrent, sa mélancolie s’épaissit, ses dégoûts augmentèrent…

— Voulez-vous que je vous dise ce que je crois, Madame ? dit Agathe à madame de Ferjol, — un jour qu’elles étaient seules.

Le dîner finissait… et Lasthénie, qui, pendant tout le repas, qu’elle avait trouvé nausé-