Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/42

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et qu’il a besoin d’expérience !… Ce manque de précision qui, en métaphysique, se noue si vite en erreur ou s’étale si pompeusement en bêtise, on le signalerait à toutes pages dans le livre de Terre et Ciel, si on ne craignait pas de fatiguer le lecteur par des citations trop abstraites !

Ainsi donc, en nous résumant, nous trouvons à côté de la donnée vicieuse et puérile du livre de M. Jean Reynaud des qualités métaphysiques d’un degré inférieur, sans pureté et sans force réelle, un langage trouble toujours et souvent contradictoire. Le traité de Terre et Ciel est une petite Babel bâtie par un seul homme. C’est la confusion des langues de plusieurs sciences qui se croisent et s’embrouillent sous la plume pesante de l’auteur. Sa pensée ne domine pas tous ces divers langages et ne les fait pas tourner autour d’elle, avec leurs clartés différentes, dans la convergence de quelque puissante unité. Théologien de prétention malgré son caractère philosophique, théologien quiquengrogne en philosophie, il peut avoir beaucoup lu les théologiens catholiques, mais il n’a point de connaissances accomplies, lumineuses, en théologie, car, s’il en avait, aurait-il épaulé le système du progrès indéfini de Condorcet avec la métempsychose de Pythagore ?… Aurait-il pu jamais adopter comme vrai ce système du développement progressif de la vie et de ses perpétuelles métamorphoses, qui parque l’homme sur son globe et applique à la création tout entière, à l’œuvre du Dieu tout-puissant, lequel a créé spontanément l’homme complet, innocent et libre, ce procédé de rapin, qui, par des changements imperceptibles et successifs, se vante de faire une tête d’Apollon avec le profil