Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à la manière des autres hommes dans ce nominaliste, ivre de mots, qui boit à la coupe de son dictionnaire, comme si c’était la coupe d’Alexandre ? ) il pouvait suivre les transmigrations diverses des âmes avec les longs et purs regards d’une fantaisie rêveuse et la caresse d’imagination que les poètes font à la Chimère. André Chénier a bien été païen et Grec, et il a été poète ! Mais André Chénier ne se croyait pas un penseur, que dis-je ? le penseur ! le Moïse aux deux rayons du XIXe siècle ! ! Nous pardonnons à M. Hugo sa religion et ses dogmes. Qu’Octave soit un caillou, — nous le voulons bien ; — Attila un chardon, Cléopâtre un hibou et un ours, Caïphe une épine, Pilate un roseau, Timour un chacal, Borgia un porc : pourquoi un porc ? C’est une inconséquence !

Je nommai le cochon par son nom, pourquoi pas

Toutes ces métamorphoses, — produit d’une imagination ambitieuse et impuissante qui ne saisit que des rapports vulgaires et qui est bien au-dessous du terrible des Contes de Perrault, — devaient au moins se relever et vivre par l’expression : mais lisez ces vers inouïs et pensez aux beautés correctes, spirituelles et lumineuses d’Ovide ! Verres,

Qui fut loup sous la pourpre, est loup dans les forêts,

Il descend, réveillé, l’autre côté du rêve.

………………………………………………………………………

Pleurez sur ce qui hurle……………………..

………………………………………………………………………