Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/138

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res, la porte est fermée, et les traînards s’appellent Goûte-de-Rien.

Mais quand son regard se fut un peu raffermi : — Que j’sis bête ! reprit-elle. J’me craiyais sur ma paillasse, et me v’là par terre… Où que j’sis donc ? Mais c’est le mont Saint-Jean. V’là le chemin de l’église ! C’est cet’ butte maudite que j’ai grimpée à force d’ahans et qui m’a tuée de lassitude… Eh ! mais, j’étais donc évanie ?

— Oui, vous étiez évanouie, bonne femme, répondit Sombreval. Le soleil vous avait frappée sur la tête. Ce ne sera rien ; reprenez courage. Vous pourrez marcher tout à l’heure et vous en venir au Quesnay, qui n’est pas bien loin, avec nous.

— Au Quesnay ! qu’est-ce qui a parlé du Quesnay ? s’écria-t-elle en faisant un effort vain pour se redresser. Il n’y a plus de Quesnay pour les pauvres du bon Dieu maintenant. C’est une maison morte. J’passons tous à la grille sans p’us y regarder que si le château s’était effondré dans l’étang. Ne disent-ils pas que c’est Jean Gourgue Sombreval qui l’a acheté et qui y demeure avec une fille à li — une jeunesse !

— Oui, c’est Sombreval, la vieille, dit-il à son tour, mais avec une rondeur presque cordiale, — c’est Sombreval qui peut vous venir