Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saisissant de l’autre le cou de sa chère enfant, dont il amena le front sous ses lèvres et qu’il embrassa par-dessus ce bandeau qu’elle y portait pour lui.

— Le vicomte Éphrem ne tardera pas, — reprit Sombreval, — il faisait atteler son char à bancs quand le fils Herpin est parti. Herpin n’a d’avance sur lui que parce qu’au lieu de la route il a pris à travers les clos. Monsieur de Néhou va donc arriver. C’est à toi de le recevoir, ma Calixte. Moi, je monte au laboratoire. J’ai à travailler. Je n’en descendrai que ce soir.

Je n’offrirai pas au vicomte le visage d’un homme odieux qui lui gâterait par sa présence le bord du lit de son fils unique, malade et blessé. Je ne rendrai pas l’hospitalité plus pesante à un vieillard pour qui, dans les événements de ce jour, elle est déjà assez cruelle. Tu es là, toi, et tu es chez toi ; tu me remplaces, ma Calixte aimée… Qui peut résister à l’influence aimable et charmante qui sort de toi, cher orgueil de ma vie ? Sois donc la fée de ma maison et fais oublier à ceux qui le haïssent le vieux Sombreval !

— Non, monsieur, dit Néel, touché de cette délicatesse. Restez avec nous, je réponds de mon père. Il ne verra en vous que ce que vous êtes…, l’ami de son fils.

— Noblement répondu ! — dit Sombreval,