Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/249

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avait déchirés ! Mallet-Dupan, le survivant dans le désespoir funèbre de Mirabeau, passa toute sa vie à répéter contre le royalisme le cri terrible qu’en mourant Mirabeau avait jeté. Et ce ne fut pas tout : après Mallet-Dupan, longtemps après Mallet-Dupan, tué par le royalisme et qui n’était, après tout, qu’un écrivain resté sur les hauteurs de la pensée, le royalisme tua, mais sur le terrain de l’action, des hommes de gouvernement comme le duc de Richelieu, de Serres, Villèle et Martignac, ministres parlementaires, renversés par d’indignes coalitions de Parlement, qui en même temps, du coup, tuèrent la monarchie que ces ministres essayaient de fonder. Richelieu, de Serres, Villèle, Martignac, de mérites divers, mais tous grands hommes de milieu entre la royauté et la révolution, et tout aussi impuissants contre la révolution que pour la royauté. Cruel spectacle offert par l’Histoire ! Seulement, arrivé à la fin de la description qu’il en fait, l’auteur de Royalistes et Républicains, qui ne sait rien de plus que ce qu’il voit, recommence, avec moins d’expression et d’énergie, le cri de Mallet-Dupan, et c’est tout ! Son livre, au vrai, n’est que ce cri. Je l’ai dit : Ce n’est là qu’une accusation contre le parti royaliste et qu’une menace, et rien de plus, pas la plus petite vue de plus !

Non ! pas une vue quelconque hors de ce cercle étroit. L’auteur de Royalistes et Républicains, qui aurait pu ajouter, comme un exemple de plus, le règne de Louis-