Un terrain sans verdure et délaissé des cieux,
Un cimetière aride, un cloître curieux,
Qu’un voyageur parfois dans sa course rapide
Heurte d’un pied léger et d’un regard stupide.
— Mais n’importe ! Je t’aime, ô vieux Campo Santo,
Je t’aime de l’amour qu’avait pour toi Giotto.
Tout désolé qu’il est, ton cloître solitaire
Est encore à mes yeux le plus saint de la terre :
Aussi quand l’œil du jour, de ses regards cuisants,
Brûle le front doré des superbes pisans,
J’aime à sentir le froid de tes voûtes flétries,
J’aime à voir s’allonger tes longues galeries,
Et là, silencieux, le front bas, le pied lent,
Comme un moine qui passe et qui prie en allant,
J’aime à faire sonner le cuir de mes sandales
Sur la tête des morts qui dorment sous tes dalles ;
J’aime à lire les mots de leurs grands écussons,
À réveiller des bruits et de lugubres sons,
Et les yeux enivrés de tes peintures sombres,
À voir autour de moi mouvoir toutes tes ombres.
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