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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/172

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Tantôt elle peignait ses longues tresses blondes,
Tantôt elle voyait courir les vertes ondes,
Ou regardait sans voir, ou laissant là ses jeux,
Suivait un beau nuage égaré dans les cieux.
À la fenêtre en face, un enfant de Florence
Chez un vieil argentier logeait par occurrence ;
De sa plume il gagnait son pain de tous les soirs.
Mais cet enfant divin, sous ses longs cheveux noirs,
Pensif à son bureau, d’un oeil mélancolique
Regardait si souvent cette tête angélique,
Qu’il oubliait toujours sa tâche et son devoir.
Or, à force de temps, à force de se voir,
Ces deux jeunes enfants, dans leur candeur d’apôtre,
Crurent que le bon Dieu les donnait l’un à l’autre,
Ils se prirent de cœur, ils s’aimèrent d’amour,
Et leur feu mutuel grandit de jour en jour.

Ce feu devint si vif, que par une nuit brune,
Une nuit où la ville avait très-peu de lune,
Tandis que tout dormait dans l’antique maison,