Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/184

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Partez ; car ici-bas, vous laissez après vous
Un terrible fléau qui vous vengera tous.
Oui, vous laissez un mal dont les rudes épines
Feront jaillir du sang des plus fortes poitrines ;
Un mal sans nul remède, une langueur de plomb
Qui courbera partout les têtes comme un jonc ;
Qui creusera bien plus que ne fait la famine,
Tous les corps chancelants que sa dent ronge et mine ;
Un vent qui séchera la vie en un instant
Comme au coin des palais la main du mendiant ;
Qui la fera déserte, et qui poussera l’homme
À toutes les fureurs des débauches de Rome :
L’ennui ! L’ennui prendra les races au berceau,
Et d’un vertige affreux frappant chaque cerveau,
Sous le chaume ou l’airain, sous la pourpre ou la laine,
Il pourrira les cœurs de sa mordante haleine.
Maintenant, ouvrez l’aile, ô poésie, amour,
Et montez sans regret vers le divin séjour !