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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/209

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Le Minotaure

 
Allons, enfants, marchons la nuit comme le jour,
À toute heure, à tout prix, il faut faire l’amour ;
Il faut, à tout passant que notre vue enflamme,
Vendre pour dix schellings nos lèvres et notre âme.

On prétend qu’autrefois, en un pays fort beau,
Un monstre mugissant, au poitrail de taureau,
Tous les ans dévorait en ses sombres caresses
Cinquante beaux enfants, vierges aux longues tresses :
C’était beaucoup, grand dieu ! Mais notre monstre à nous
Et notre dévorant aux épais cheveux roux,
Notre taureau, c’est Londre en débauche nocturne