Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/253

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Et la société, témoin de l’agonie,
Loin de tendre la main aux enfants du génie,
De les débarrasser des replis du vainqueur,
Toujours se bouchera l’oreille à leur clameur :
Trop heureux si la vieille aux longs voiles rigides
Abandonne les corps aux dents des vers avides,
Et si son bras, plus dur que celui de la mort,
Pour se venger aussi ne fait pas un effort,
Et, frappant à son tour la victime qui tombe,
Ne poursuit pas son ombre au-delà de la tombe.

Vieille et sombre abbaye, ô vaste monument
Baigné par la Tamise et longé tristement
Par un sol tout blanchi de tombes délaissées !
Tu peux t’enorgueillir de tes tours élancées,
De ta chapelle sainte aux splendides parois,
Et de ton seuil battu par la pourpre des rois !
Tu peux sur le granit de tes lugubres dalles
Étaler fièrement tes pompes sépulcrales,
Les sublimes dormeurs de tes tombeaux noircis,