Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/55

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Cessez, cessez vos plaintes hasardeuses,
Et sur la pierre étendez vos genoux.
Le sang toujours ne peut rougir la terre,
Les chiens toujours ne peuvent pas lécher,
Il est un temps où la peste et la guerre
Ne trouvent plus de vivants à faucher ;
Il est un jour où la chair manque au monde :
Où, sur le sol, le mal toujours ardent,
Comme sur l’os d’une charogne immonde
Ne trouve plus à repaître sa dent.
Enfants hideux, couchez-vous dans mon ombre,
Et sur la pierre étendez vos genoux,
Dormez, dormez ! Sur notre globe sombre
Tristes fléaux, je veillerai pour vous.
Dormez, dormez ! Je prêterai l’oreille
Au moindre bruit par le vent apporté,
Et quand de loin, comme un vol de corneille,
S’élèveront des cris de liberté ;
Quand j’entendrai de pâles multitudes,
Des peuples nus, des milliers de proscrits,