Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/198

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rveilleux A prédit sans mentir mon retour en ces lieux, C’est vrai-mais pour combler cette chance opportune Donne-moi le secret d’y trouver la fortune… Je la veux cependant d’une honnête façon, Résolu que je suis à n’être plus fripon, À n’avoir plus jamais, quel que soit l’artifice, De rapports trop directs avec dame justice ; Mais fais-la-moi trouver, car pour moi la vertu À Paris sans un sou ne vaut pas un fétu.

Macaire. Eh bien ! Puisque tu crains la débine livide, Que tes basques d’habit ont en horreur le vide, Mais puisque aussi tu veux vivre en homme de bien, Voici pour t’enrichir un honnête moyen.

De même qu’un furet mis dans une garenne, Flairant l’air et cédant à l’instinct qui l’entraîne, A bientôt dans son fort dépisté Jean lapin Et du leste animal terminé le destin, De même au sein confus de cette énorme ville Tu sauras découvrir quelque vieil imbécile, Quelque épais fournisseur, quelque gras épicier, Riche d’ans et d’écus, mais pauvre d’héritier ; Alors, ami Bertrand, ta fortune est certaine, Si tu t’y prends, morbleu ! Comme il faut qu’on s’y prenne.

Bertrand. Je saisis ton idée et comprends clairement : Tu veux me faire ici courir le testament.

Macaire. Pylade, tu l’as dit ! La course à l’héritage Vaut la course au clocher et produit davantage. Tout le monde aujourd’hui s’y livre plus ou moins, Tant le luxe à Paris a créé de