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Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/209

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Comme aux jours déclinants de l’empire de Rome,
La mode est aujourd’hui de jouer au grand homme,
De se donner, vivant, les airs d’un immortel
Et d’avoir comme un saint sa niche et son autel.
C’était peu d’accabler les journaux de réclames
Et, par maints tours adroits, maintes secrètes trames,
D’obtenir de la main d’un pauvre rédacteur
De génie avéré le brevet imposteur ;
C’était peu de remplir et les quais et les rues
D’ambitieux portraits aux mines incongrues,
Et de laisser au fond du crâne d’un badaud
L’image d’un tribun et quelquefois d’un sot ;
Il fallait mieux encore... un moyen plus solide
Qu’un dessin fugitif ou qu’une phrase vide,
Aussi le dur granit et le marbre et l’airain
Sont-ils venus en aide à l’amour-propre humain.

Comme des champignons, ces pâles cryptogames
Que septembre orageux de ses humides flammes
Enfante par