Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/227

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Un matin, dégoûté de la rime indocile,
Dans un coin populeux de notre grande ville
J’errais, quand tout à coup s’élève une rumeur.
Un homme s’enfuyait en criant : au voleur !
Et désignait du doigt la route présumable
Que dans son vif élan avait pris le coupable.
Et chacun de bondir vers l’endroit qu’il montrait :
Mais lui par un détour à l’opposé courait,
Laissant s’évertuer le menu populaire
Après l’ombre du gueux qui n’était que chimère.
Le vrai voleur, c’était lui-même… et par son mot,
Le drôle ! Il avait mis tout le monde en défaut…

Or, comme j’admirais ce tour de passe-passe
Et comme on en impose à l’ignorante masse,
À part moi je me dis : au monde des salons
Que de pareilles gens aujourd’hui nous voyons !
C’est le jeu, par trop sot serait le personnage
Qui se présenterait sans un masque au visage